jour d'ennui [Ethan]

La sonnerie retentit, signalant la fin de cette première heure de cours et agressant au passage cruellement mes tympans bien plus habitués aux rire et aux coups de feu qu'à des bruits aussi stridents.  « Un peu de tenue, Sparrow ! » Même le grondement du professeur ne m'avait pas motivé à me redresser. J'étais trop bien, avachi sur mon banc. Le bout de mes mèches touchait le bois et je songeais un instant qu'il serait peut-être temps de les couper : ils devenaient trop longs. « Sparrow ! » Le deuxième avertissement venait de fuser. Je n'y pouvais rien, moi, si son cours me donnait plus envie de dormir que de noter. Surtout quand on devait se taper deux heures d'affilées.
Le troisième avertissement ne vint pas et un sourire victorieux étira mes lèvres. Pauvres professeurs... ils étaient tellement habitués à avoir de gentils enfants de gentils qu'ils ne savaient même pas comment réagir face à un cas aussi récalcitrant que moi. Par les dreads de mon père, j'aurais donné ma main droite rien que pour assister à l'un des cours des "enfants de méchants", juste pour les voir nager dans l'incompréhension et l'impuissance.
Satisfait de voir que le professeur se désintéressait de moi, faisait soudainement comme si je n'étais pas là, je replongeais avec bonheur dans ma sieste matinale.

Lorsque la sonnerie indiquant la fin de cette seconde heure de cours, ce ne fut pas elle qui me tira de mon sommeil, mais le livre qui claqua sèchement sur le bois de mon banc, me faisant sursauter. « Ethan Sparrow grinça le vieil hibou. Vous avez une semaine pour lire ceci et pour faire une analyse personnelle. Songez une seule seconde à ne pas rendre ce travail et je vous assure que vous le regretterez tout au long de votre été. Vous ne voudriez tout de même pas être obligé de rester ici, alors que vos amis s'amuset-nt dehors, n'est-ce pas ? » Par mon tromblon, mais qu'est-ce qu'il foutait à Auradon, lui ? Il aurait mieux été à sa place sur l'Île de l'Oubli, avec son sourire narquois.

Ronchonnant contre ce professeur et ses idées stupides, j'étais sorti, non sans avoir flanqué sans la moindre délicatesse le fragile ouvrage au milieu du joyeux bordel qui avait élu domicile dans mon sac, causant presque un arrêt cardiaque à l'enseignant. Dans tes dents, le vieux.

Passant devant la bibliothèque, j'aperçu une chevelure bien connue qui me décida à entre dans la pièce silencieuse. Je n'avais jamais aimé la bibliothèque, parce que je haïssais tout bonnement le silence. C'était angoissant, vraiment. « Salut la belle. » Je lui adressais un petit sourire charmeur et me penchais par-dessus son épaule, déposant un baiser au creux de son cou, avant de reporter mon attention sur son cahier. Ah, la chimie. J'étais assurément nul mais j'adorais ça. Enfin, à partir du moment où ça pouvait exploser, moi ça me plaisait. « Ta formule, là, elle explose ou elle est du genre rabat-joie ? » Certes, j'étais nul, mais si ce truc faisait boum, alors je me ferais un plaisir de l'aider. Toute aide moyennant rétribution, bien évidemment.

Je me laissais tomber sur un siège, posant sans la moindre délicatesse mes pieds chaussés de bottines tout-terrains sur la table vernie. « [color:41b6=indianredEt sinon, tu ne trouves pas que cet endroit est trop calme, p'tite sirène ? » Le sous-entendu était clair : et si on foutait la merde ?